Episode 1

Mai 567 : Mémoires de Drake – Réparateur d’armure de la station Eronne

Cela faisait environ deux semaines qui nous aidions aux préparatifs de la station Eronne.
C’était la période de l’année où Eronne accueillait un grand nombre de touristes aisés venus d’Equinoxe de Néo Troye ou d’Omeross. Ces petits bourgeois aimaient se retrouver dans les conditions précaires des petites stations durant quelques heures, en transit. La population passait de 350 habitants à 1500 pendant quelques jours.

Charkie adorait cette période. Il chassait les bourgeoises faciles qui étaient en recherche de quelques actes de folie avec la faune locale. Et sa scolopendre était toujours à l’affût. 

Le deuxième jour des débarquements, nous avons aperçu une jeune femme toute vêtue de blanc. Sa tenue était tellement ajustée que l’on pouvait deviner la forme de ses sous-vêtements dissimulés dessous.
Il s’agissait d’Olga Petersen, la fille du célèbre commandant Lucius Petersen.

Je dis- « nous ». Nous sommes un petit équipage composé de 4 personnes. Nous allons et venons dans notre vaisseau la Boudeuse afin de marchander et de subvenir au mieux aux besoins de notre petite station.

Boomer : notre guide et notre cartographe en expédition. Il est assez superstitieux en mer mais ça fait tout son charme. Avant chaque départ, il lance une pincée de sel derrière son épaule pour éloigner les mauvais esprits. Sinon, il distille sa propre ravageuse. Il fait peu de bénéfice car il boit en général la moitié de son stock avant de commencer à la commercer.

Folkok, notre mutant. 2m01, large comme une armoire, laid comme un… un mutant en fait. Fidèle avec ses amis et un peu cleptomane avec les autres. C’est sûr, il n’est pas la tête pensante de notre groupe, mais je vous assure qu’un golgoth pareil peut vous éviter beaucoup d’ennuis à l’extérieur et même aider à négocier rien qu’en montrant ses dents dans les stations voisines. Il travaille régulièrement au bar « le plancton joyeux » ou dans les plantations.

Charkie : Charkie a deux passions : La première, trifouiller des programmes informatiques afin qu’ils fassent complètement l’inverse de ce qu’on leur demande. Et la deuxième, culbuter de la donzelle égarée. Malgré son regard complètement pervers, il arrive régulièrement à ses fins.

Moi c’est Drake : mon dada c’est la mécanique en tout genre, armures, réacteurs et nouvelles technologies. Je suis toujours en train de bidouiller notre armure d’expédition. Bon la dernière fois, j’ai oublié de remettre en marche le système de traitement des urines de l’armure. Mais personne n’est parfait hein ?

Ambert, le chef de la station a demandé à Charkie d’être le guide d’Olga. Apparemment, elle ne repartira pas tout de suite comme les autres touristes. J’en connais un qui va se pavaner dans les rues. En revanche, le visage d’Olga était désespéré. Peut-être allait-elle être une autre victime de Charkie ?

Ambert nous a rassemblé peu de temps après, accompagné d’Olga. Il nous a informé que l’on s’était bien reposé durant les préparations et que les convois devaient reprendre.
Il commença à repartir, puis comme s’il venait de nous piéger se retourna rapidement vers nous et nous dit « Olga sera votre nouveau commandant pour les expéditions jusqu’à nouvel ordre ». Et il partit à grande foulée afin que l’on ne puisse avoir le temps de lui répondre.

Je trouvais que l’arrivée d’Olga était en fait une bonne nouvelle pour nous. Une belle femme à bord pour se rincer l’œil et un peu de compétence supplémentaire ne nous ferait vraiment pas de mal.

Charkie lui, souriait de toute ses dents et glissa sa main dans la poche de son pantalon…
Folkosh n’eu aucune réaction.
En revanche, Boomer tourna aussitôt les talons, sortit une bourse pleine de sel et commença à en jeter à outrance derrière chacune de ses épaules en marmonnant un mixte de prières et d’injures.

Les présentations faites, nous sommes allés présenter « La Boudeuse » à Olga. J’ai cru voir une larme couler lorsqu’elle aperçut notre vaisseau. Au fur et à mesure de l’état des lieux du vaisseau, le visage d’Olga s’assombrissait. Le voyage promettait d’être Folklorique. Nous ne savons toujours pas pour quelles raisons elle était venue sur Eronne.

Comme à notre habitude, avant les départs, nous avons fait le tour de nos connaissances afin de connaitre les besoins de chacun.

Nocturne, patron d’un garage m’a donné une liste de fournitures. Essentiellement des pièces manquantes pour finir quelques réparations. Avant de repartir, il m’a attrapé par le bras et m’a chuchoté « Si tu peux me ramener aussi des sous-vêtements de votre nouveau commandant ». Les nouvelles vont vite. Sacré Nocturne.

Mucus, chef d’exploitation des plantations d’algues. Il a amené Charkie au bar, lui a payé un coup à boire pour finalement lui demander s’il pouvait lui ramener des piles aux lithium ainsi que quelques autres accessoires. Au moment de repartir du bar, Charkie m’a certifié que Mucus lui avait demandé des sous-vêtements de notre nouvelle commandante et que ça ne venait pas de lui. En temps normal je ne l’aurais pas cru, mais au vu de ma précédente discussion avec Nocturne…

Maquin avait pris contact avec Boomer. Maquin était le trafiquant de notre station. Toujours dans les coups foireux. Mais il payait bien. Maquin demanda à Boomer de faire une course pour lui. Il s’agissait de récupérer un colis dans un des hangars situés en dehors de la station et de le livrer à Gellus, une station voisine. Ah oui, le détail qui tue, le colis pèse 1,2 tonnes. Il fallait donc que je booste les réacteurs de la Boudeuse et que l’on répartisse au mieux les charges pour ne pas être déséquilibré. J’espère que ça vaut vraiment le coup car les moteurs allaient être mis à rude épreuve durant le voyage.

Maquin a donné une avance de 20.000 sols pour cette course. 20 000 sols de plus seront payés lors de la réception. Il a également fourni une petite liste plus conventionnelle : champignons, levure. En bas de la liste était grossièrement dessiné des sous-vêtements avec les initiales O.P.

Après avoir fini son service de videur, Floskok nous rejoignit. Il nous donna un papier qu’il avait volé à un des clients qu’il venait d’éjecter du bar. Le papier était en fait une carte de la région avec le secteur 29 entourait en gros.

Alors que l’on finalisait les préparatifs, Stacky le commandant de l’équipe de la Courtoiseest venu nous rendre une petite visite.
Lui et Boomer avait pour habitudes de se chambrer à chaque départ. Durant la conversation, Stacky a également mentionné le secteur 29 avec intérêt. La discussion s’est terminée par un pari de 5.000 sols à celui qui ramènera la cargaison ayant le plus de valeur ou la plus prestigieuse.

L’idée de piéger le vaisseau de Stacky nous a traversé l’esprit. Mais Boomer m’a convaincu que l’on devait gagner à la loyale. Même si le fait de tester mes nouveaux pièges me démangeait fortement. Juste avant de repartir, le visage de Stacky devint anormalement sérieux. Je l’entendis demander discrètement à Boomer s’il pouvait lui ramener des sous-vêtements de notre commandante mais que ceux-ci seraient hors pari.

Nous étions prêts au départ.

Boomer griffonnait sur le plan de navigation. Nous attentions Olga.
Elle finit par monter dans la Boudeuse. Nous nous sommes tous jetés un regard et un sourire quand nous avons vu qu’elle tirait derrière elle une valise pleine de rechange. Je n’étais pas superstitieux mais mon instinct me disait que cette valise aurait un grand rôle à jouer dans la suite de notre aventure.

Quelques poignées de sel plus tard, nous sommes partis en direction du hangar 42 pour récupérer le colis de Maquin.
Nous avons ensuite mis cap sur le secteur 29. La Boudeuse était surchargée sur tous les angles.

En approchant du secteur 29, nos sonscans ont détecté un signal de détresse très faible. Impossible de déterminer la position exacte.

Nous nous sommes posés sur le fond marin et avons commencé les recherches. Boomer s’était mis au pilotage de notre robot aquatique pendant que je m’équipais de l’armure. Une fois le câble de communication relié, nous nous sommes dirigés vers le bâtiment enseveli sous les eaux.

Je suis rentré par une des fenêtres pour commencer l’exploration. Boomer lui, découpait une entrée pour faire passer le robot.

Après détection de quelques mouvements proches de moi, j’ai demandé à Boomer de couper la scie car cela excitait les animaux alentours. J’ai alors continué la descente dans l’obscurité en vérifiant les signaux du sonscans embarqué. Boomer quant à lui avait détecté un objet sur le fond marin et dirigea le robot dans sa direction.

Olga et Charkie nous avertirent que les sonscans du vaisseau avait détecté deux chasseurs et que le vaisseau restait en mode passif afin de ne pas se faire repérer.

Boomer trouva l’origine du signal de détresse. C’était une armure dont le modèle nous était inconnu. L’homme à l’intérieur était mort. Boomer commença à ramener l’amure en direction du vaisseau.

Pendant ce temps-là, ayant coupé les projecteurs à l’annonce des chasseurs, je me suis retrouvé dans l’obscurité totale. Le stress m’envahit petit à petit mais j’ai réussi à ne pas sombrer dans la panique.
Deux murènes géantes me tournaient autour. L’une d’elle m’attaqua et mordit l’un des bras de l’armure. J’ai aussitôt activé les décharges électriques. Cela a suffi pour l’a sonné et à faire fuir mes agresseurs. J’ai ensuite entamé la remontée pour retourner au vaisseau. Le bâtiment était complètement vide.

Charkie se connecta à l’amure à l’aide du câble de communication du robot. Le dernier message enregistré par l’amure était celui de l’homme à l’intérieur qui annonçait que son système de régulation thermique était hors service et qu’il ne resterait pas en vie très longtemps. Charkie essaya alors d’extraire plus d’information au sujet de cette armure. Il se heurta au système de défense de l’armure qui envoya un virus directement dans les systèmes du vaisseau. Le régulateur thermique et les moteurs venait d’être pirater par le virus. La température chuta rapidement à l’intérieur de la Boudeuse. La commandante Olga réagit rapidement et au bout de quelques minutes parvint à remettre en service le régulateur thermique. Mais le vaisseau était maintenant immobilisé.

De mon côté, alors que j’avais bien entamé le chemin du retour pour sortir du bâtiment, j’ai entendu le mot virus par le câble de communication. J’ai immédiatement débranché le câble. Me voilà dans le noir dans un bâtiment à 5.000 mètres de profondeur et désormais sans communication avec le reste de l’équipage.

Les chasseurs firent demi-tour et finirent par détecter la Boudeuse. Les systèmes de défense s’affolèrent indiquant que le vaisseau faisait l’objet de verrouillage de cible.
Olga sauta sur la radio et s’annonça : « Olga Petersen, fille du commandant Petersen et commandante de la Boudeuse. Ne tirez pas. Déverrouiller immédiatement vos séquences de tirs ».
Les chasseurs communiquaient avec leur bâtiment mais les fréquences étaient brouillées. Puis plus rien. Un long silence s’installa.

L’armure avait été remonté dans le vaisseau. Charkie se débattait toujours avec le virus.
Folkok qui était resté discret jusqu’à maintenant s’impatienté. Il prit alors l’initiative de se rapprocher de l’ordinateur de bord. Il tapota sur le clavier. Tous s’arrêtèrent pour le regarder d’un air très interrogateur. Même Folkok se demandait ce qu’il était en train de faire.

L’alerte sonna, torpille en approche. Boomer activa aussitôt les leurres et arma les torpilles de la Boudeuse. La Boudeuse était toujours clouée sur le fond de l’océan.
Folkok frappa alors des deux points sur l’ordinateur de bord. Une partie des protections volèrent en éclat et … Les moteurs se relancèrent.
Pas le temps de féliciter Folkok, Olga et Boomer firent démarrer le vaisseau avec précipitation.

J’arrivais enfin à la sortie du bâtiment. Je me dirigeai vers le vaisseau lorsque je vis une torpille s’écraser à l’arrière de la Boudeuse. C’était la salle des machines qui venait d’être touchée. J’ai alors activé mes réacteurs à pleine puissance. Le sonscans de l’armure m’indiqua qu’une deuxième salve de torpilles était en approche. Je fonçais droit sur notre vaisseau. J’ai pu m’accroché à la carlingue du vaisseau qui commençait à reprendre un peu de vitesse. J’espérais que mes systèmes anti-torpilles pourraient détourner les trajectoires des projectiles des chasseurs. Les chances étaient maigres mais que nous restait-il comme choix ?