Episode 2

Mai 567 : Mémoires de Drake

Nous avions évité une torpille  de justesse mais sa détonation nous secoua fortement. Boomer avait mal ajusté son harnais et sa tête heurta violement le tableau de bord devant lui.  Il fût complètement assommé par le choc et son nez saignait abondamment. Mais nous ne pouvions lui venir en aide pour l’instant.

Toujours accroché à la carlingue du vaisseau, j’ai utilisé le sonscan de l’armure pour permettre à Olga de verrouiller le chasseur qui nous fondait dessus. Touché ! Le chasseur s’écrasa à quelques mètres de nous.

Dans mon euphorie, je n’avais pas remarqué que la Boudeuse s’était dangereusement rapprochée des parois rocheuses. Avant que je puisse réagir, je faisais la barrière antichoc entre le vaisseau et la roche. Tous les capteurs d’avaries en alerte, je me suis retrouvé projeté à l’arrière du vaisseau. Le câble de communication arraché net. La seule chose que j’ai pu apercevoir à travers le cockpit, avant ma chute vers le fond marin, était Charkie agrippant des deux mains la poitrine de notre capitaine.

Reprenant mes esprits petit à petit, j’ai effectué l’analyse des systèmes de l’armure. Les propulseurs ne répondaient pas. En tapotant le système ils ont fini par se réactiver. Plus de peur que de mal. Enfin, je me retrouve une nouvelle fois seul au fond de l’océan sans moyen de communication avec l’équipage…

La capitaine Olga se dirigeait vers une faille afin de pouvoir échapper à la frégate de l’union méditerranéenne. Folkok quant à lui était en train d’ouvrir l’amure inconnue avec … une cuillère. Avec peu de patience et beaucoup de force, il réussit à ouvrir l’armure. Un liquide bleu en sorti et se répandit sur le sol du vaisseau. A l’intérieur, le cadavre était relié à l’armure par un câble neural. C’était la première fois que l’on pouvait observer ce type de technologie. Encore une fois, avec peu de patience et beaucoup de coup de poing, la visière de l’armure s’alluma. Personne n’avait remarqué que je n’étais plus accroché au vaisseau…

Heureusement pour moi, j’avais repris conscience assez rapidement pour voir la Boudeuse se diriger vers la faille. Je me suis mis à la poursuite de mes co-équipiers. Je voulais activer mes propulseurs à pleine puissance lorsque que mon sonscan détecta un chasseur qui avait pris la direction de la Boudeuse. J’ai alors attendu quelques instants pour ne pas me faire repérer.

La frégate n’avait pas pu suivre notre vaisseau dans la faille mais un chasseur s’y était engouffré. Olga décida alors de freiner brutalement et de faire marche arrière afin de percuter le poursuivant.

Le plan fonctionna à merveille, ou presque… Le chasseur heurta la Boudeuse en plein dans la salle des machines et s’écrasa contre les parois de la faille. Olga agrippa le chasseur endommagé avec la pince du robot de Boomer et l’entraina avec notre élan. La boudeuse était quasiment à l’arrêt, les moteurs étaient à 80% hors service.

Durant cette échauffourée, Folkok était resté allongé dans l’armure face contre terre et avalait le fluide bleu qui ne s’était pas échappé de l’amure…

Cela m’a permis de rejoindre l’équipage sans difficulté. J’ai pu dérouler le câble de communication. Ils n’avaient toujours pas remarqué que je n’étais plus avec eux depuis une bonne heure ! Je me suis ensuite rapproché du pilote du chasseur complètement emprisonné dans son véhicule. J’ai dans un premier temps coupé son communicateur afin qu’il ne puisse pas avertir la frégate de la situation. J’ai ensuite branché le câble de communication de l’amure sur le chasseur afin que la capitaine puisse s’entretenir avec le pilote.

Pendant ce temps-là, Charkie essayait de récupérer des informations de l’armure inconnue. Il découvrit alors des informations quelques peu troublantes. L’homme dans l’armure était un membre des services secrets PANDORA de l’Union Méditerranéenne. Il devait rencontrer un certain Sullivan dans un bar sur Oméros pour une transaction. Lors de son voyage vers Oméros, il avait été attaqué par des pirates. Des pirates attaquants un convoi secret de l’UM… Rien de rassurant. Le dossier indiquait également que Sullivan possédait du matériel sensible de corpo. Il y avait une photo de Sullivan ainsi qu’une carte similaire à ma « carte au trésor » mais en bien plus détaillé. Charkie fit une copie de l’ensemble des données et les supprima de l’armure.

Toujours à l’extérieur du vaisseau et en ayant observé le piteux état de la salle des machines, je me suis mis à désosser entièrement le chasseur ne laissant que le système respiratoire dessus. Je me suis servi des pièces récupérées afin de réparer en partie les moteurs de la Boudeuse.

Quelques temps après, la frégate entra en communication avec notre vaisseau. Le sergent Narki s’identifia. Il voulait récupérer l’armure ainsi que le soldat. Il n’était pas au courant que leur soldat était mort depuis plusieurs jours. Après quelques échanges de mondanités du genre : « Maintenant que l’on vous a bien aspergé de torpilles, nous avons la bienveillance d’entrer en communication avec vous car nous n’avons pas réussi à vous abattre et nous aimerions récupérer l’objet de notre convoitise qu’est l’amure ainsi que ses données » nous avons décidé de nous accorder un temps de réflexion. Nous n’étions pas prêts à coopérer au vu des premiers contact que nous avions eu avec ce convoi. Quant à moi, j’ai enfin décidé de remonter à bord.

Nous avons alors détecté des plongeurs au sonscan. Nous avons retiré le grappin qui retenait ce qui restait du chasseur et avons repris notre chemin à travers la faille. La frégate ne pourrait pas nous suivre. La nouvelle destination était la station de Gellus.

Nous arrivâmes à destination au bout de 3 jours. Gellus était une station minière située à la pointe d’une falaise océanique. Nous devions retrouver Annibal pour livrer la marchandise de Maquin.

Après avoir passé le contrôle d’hygiène, nous nous sommes mis à la recherche d’Annibal ainsi que de certaines fournitures. Gellus était une toute petite station. Il était peu probable que nous trouvions les marchandises dont nous avions besoin. Nous avons rapidement appris que selon les rumeurs, Annibal était mort depuis peu. Il était tombé dans le puit de la mine.

Pendant que Folkok et moi étions partis visiter la mine et en apprendre plus sur « la mort accidentelle d’Annibal » (Thex en MJ il n’y a pas de mort accidentelle), Charkie et Olga étaient allés sur la place vivante de Gellus. Ils rencontrèrent le chef de station, Faker. Au cours de la discussion Faker compris que nous cherchions à refourguer la came destinée à Annibal et marchandât les informations qu’il avait en sa possession pour 5 .000 sols. Offensé et pour impressionner Olga, Charkie sortie son arme et menaça le chef de station. Les gardes de Faker ainsi qu’Olga dégainèrent à leur tour leurs armes. La situation était prête à dégénérée. C’était souvent comme ça lorsque Charkie s’occupait des négociations.

Heureusement pour nous tous, Faker se montra le plus raisonnable et calma la situation. Il donna le contact à chercher sur Oméros sans contrepartie. Charkie se tourna vers Olga et dit : « Tu vois ça ne nous a pas coûté un rond ».  Exaspéré, Olga pris la direction de notre vaisseau et Charkie lui emboita le pas.

Dans la mine, Folkok et moi firent connaissance du gérant. Il fût impressionné par la stature de Folkok. Après n’avoir rien appris sur la mort d’Annibal et vu le fameux puit, le gérant proposa à Folkok un travail au sein de la mine. Folkok m’expliqua avec ses mots qu’il pensait accepter la proposition : « Folkok taper fort cailloux, peur de l’eau, pas confiance vaisseau ». Je l’ai alors accompagné voir Faker pour négocier les termes de son contrat et son revenu. Mais Faker en avait marre des négociations pour aujourd’hui. Il proposa un salaire, sans marchandage possible. Folkok accepta. C’est ainsi que nous avons dit adieu à Folkok.

Boomer à nouveau conscient, nous prirent la route vers Oméros. Le contact donné par Faker était une certaine Nakine. Sur la route, Charkie et moi avons essayé d’en apprendre plus sur la connexion neurale du soldat mort. Mais à part mettre son corps en charpie, nous n’avons pas fait de grande découverte. Le sol du vaisseau était à présent recouvert du fluide bleu de l’armure, du sang de Boomer ainsi que des organes du cadavre. Un bon ménage s’imposerai avant l’approche d’Oméros.

Arrivé dans les environs d’Oméros, des croiseurs de plus de 200.000 tonnes flottaient entre deux eaux. Oméros était une des plus grandes stations de l’Union Méditerranéenne. Elle était la porte d’accès pour entrer dans le territoire de l’UM. D’énormes canons défensifs étaient installés et dirigés vers l’océan. Des chemins holographiques et des messages pré-enregistrés orientés les vaisseaux vers les différentes entrées de la station.

Après avoir nettoyé le vaisseau et de nous être débarrassé du cadavre, nous nous sommes laissé guider par les systèmes holographiques d’Oméros. Une fois arrimé, nous avons passé les contrôles d’hygiène. Enfin, tout le monde les a passé sans problème sauf moi. Les services d’hygiènes m’ont mis en quarantaine, puis emmené dans une salle de désinfection, avec karsher, rayon en tout genre, traitement à prendre pendant 1 semaine et un masque à porter durant mon séjour sur Oméros. Certains lieux de la ville me serait également refusé. Le séjour commençait bien.

Olga avait contacté un certain James Murphy. C’était un officier de la marine de l’UM qu’elle connaissait avec les relations de son père. Le rendez-vous se trouver dans les quartiers de James au sein du service militaire de la station.

Arrivé devant le bâtiment, l’entrée m’a été refusée. C’était prévisible au vu du diagnostic du service d’hygiène. L’entrée a également été refusé à Charkie, mais c’est directement Olga qu’il lui a dit de ne pas la suivre au vu des précédentes négociations sur Gellus. Ça aussi c’était prévisible…

Heureusement le quartier marchand ne m’était pas interdit. Je ne sais pas si c’est dû au masque que je portais, mais les négociations pour les pièces de rechanges pour le vaisseau se sont déroulées à merveille.

Boomer quant à lui se remettait doucement de son traumatisme crânien et avait préféré rester dans le vaisseau pour se reposer.

Durant l’entretien avec James, Olga parla de l’armure trouvée sur les fonds marins ainsi que de l’attaque sans sommation d’une frégate de l’UM. Elle cita le Sergent Narki aux commandes du bâtiment à ce moment. James prit bien note, mais toute son attention était désormais portée sur l’armure. Il demanda à la voir au plus vite. Olga accepta et négocia en contrepartie des ressources pour la station Eronne.

Ils partirent aussitôt en direction de la Boudeuse. Une fois sur place, le vaisseau était vide. L’armure ainsi que Boomer avaient disparu. Affolé, Olga se dirigea vers le poste de sécurité suivis de près par James Murphy. Ils demandèrent à l’agent de sécurité de visionner l’enregistrement des caméras sur le quai où était arrimé notre vaisseau.

Sur la vidéo, on voyait Boomer suivre un homme en direction du salon de plaisance juste en face des quais. L’homme avait eu la précaution de rester dos aux caméras, ces vêtements étaient des plus banales. L’identification relèverai du miracle. Sur le reste de la vidéo, on ne voyait personne entrer ou sortir de la Boudeuse. C’était incompréhensible.

Olga se tourna vers James et dit : « C’est impossible. Je t’assure que l’armure était dans notre vaisseau. Les caméras des quais ont dû être piratées. »

James parut peu convaincu. L’agent de sécurité certifia que le contenu des caméras était tout à fait normal. James assura qu’il approfondirait l’enquête puis retourna dans ses quartiers.

Olga nous lança un message à tous pour nous rassembler sur les quais devant notre vaisseau. Elle nous fit un résumé de la situation. Au vu du peu de réactions de James Murphy, nous pensions à l’unanimité que les militaires de la station étaient impliqués dans cette mascarade. Mais nous étions impuissants. J’ai alors inspecté la Boudeuse, la valise contenant les sous-vêtements de la capitaine était toujours là. Ouf, nous n’avions pas tout perdu.

Il ne fallait pas se laisser abattre. Se dresser contre un complot militaire était complètement hors de nos compétences. Nous nous sommes alors concentrés sur ce qu’il nous restait : la cargaison de Naquin.

Après quelques recherches, nous avons pris la direction du bar de Nakine. Nakine était le contact gracieusement donné par Faker. Olga et Charkie entrèrent dans le bar. Quant à moi, l’accès me fût interdit par les gardes à l’entrée. Décidément une belle journée de merde…

Je suis donc resté à l’extérieur du bar comme un pauvre garçon abandonné. Attendant que la situation dégénère. On laisse à nouveau Charkie participer aux négociations. Apparemment Gellus ne nous a pas servi de leçon.

Une fois à l’intérieur du bar, Charkie se pavanait en compagnie d’Olga. Il s’annonça à un des agents qui gardait une zone VIP : « Nous venons voir Nakine. Nous avons une cargaison d’Annibal pour elle ». Sans un mot, le garde lança un regard des plus sombre et menaçant à Charkie qui fît aussitôt deux pas en arrière. Toute l’assurance de Charkie avait disparu. Il insista tout de même avec une voix tremblante.

Une femme se manifesta sur un des canapés dans le fond du bar. C’était Nakine en personne. C’était une femme grande, très élancée. Elle avait le crâne rasé mais cela ne retirait rien à son charme ainsi qu’à son air sévère.

Elle reçut Olga et Charkie. Ils discutèrent de la cargaison d’une tonne de manganèse. Encore une fois Charkie pris la parole pour impressionner la capitaine : « Nous n’accepterons pas une transaction en dessous de 40.000 sols pour cette cargaison ! Et nous ne vous dirons pas qu’elle est actuellement entreposée sur le toit de notre vaisseau arrimé au quai C21 ».
Nakine eut un petit rictus qu’elle ne put contenir et accepta aussitôt l’offre de Charkie avant qu’Olga puisse réagir. Une cargaison aussi importante de manganèse devait peser entre 700.000 et 1 millions de sols… Merci Charkie pour ton intervention. On va encore avoir des belles emmerdes et passer pour des cons !

Charkie comprenant sa bourde voulu rectifier le tir. Mais c’était trop tard, un contrat est un contrat et Nakine n’était pas connue pour être une tendre. Après quelques élévations de voix, elle accepta toutefois de monter son prix à 200.000 sols. Elle ne ferait le paiement que lorsque ses hommes de mains auraient transporté la cargaison. Ça ne sentait pas bon.

Mais encore une fois nous étions impuissants. Impossible de s’imposer face à une mafia locale importante. Surtout après cette nouvelle prestation de Charkie. Furax, Olga retourna sur les quais suivis de quelques longueurs par Charkie.

Pendant ce temps-là, je fis la connaissance de Cora. Elle s’était présentée à moi car elle cherchait un convoi pour partir d’Omeros. Elle était couverte de la tête au pied par de longs vêtements sales et déchirés. On distinguait tout juste son visage. Un peu méfiant, je lui ai demandé pour quelles raisons elle voulait partir d’Oméros et quelle serait sa participation ou son aide lors du voyage.
Cora restait très évasive sur les raisons de son départ. Elle jetait fréquemment des regards autour d’elle comme si elle se sentait suivis ou surveillée. Elle m’a tout de même révélé qu’elle possédait un don pour la négociation et les relations humaines. Pratique, surtout avec Charkie. J’ai alors décidé de la mettre au défi et de voir si elle pouvait nous être utile.

Nous sommes allés au poste de sécurité des quais. Nous avons demandé à revisionner les vidéos lors du vandalisme sur notre vaisseau mais malheureusement ce n’était plus la même personne au poste. Forte de persuasion, Cora réussit à obtenir l’adresse de l’agent en poste quelques heures plus tôt. Ce n’était qu’à quelques encablures. Nous sommes donc partis en direction de son domicile. Par chance, l’agent était chez lui. Il a accepté de nous parler. Cora mena la conversation avec agilité. Sans se rendre compte qu’il nous divulguait des informations confidentielles, l’agent de sécurité nous a appris qu’il avait effectivement reçu l’ordre de couper temporairement la caméra du quai C21. Satisfait nous avons pris la direction des quais.  

Nous avons retrouvé Olga et Charkie là-bas. Après de brèves présentations avec Cora, James Murphy et deux militaires déboulèrent dans notre direction. « Qu’avez-vous fait des données de l’armure ? »

Durant l’interrogatoire soutenu au milieu des quais, j’ai alors aperçu que les gens abandonnaient leur occupation et se retiraient des quais. Quelques secondes plus tard, des coups de feu retentirent.

Les deux militaires accompagnant James Murphy furent instantanément abattus. Olga fût touchée à la poitrine avant de plonger derrière des caisses de marchandises. Cora et moi avons attrapé le commandant Murphy blessé à l’épaule et nous nous sommes réfugiés dans un angle créé par l’entrée d’un bâtiment.

2 mercenaires puis bientôt 4 faisaient feu sur nous et le commandant. Olga, Charkie ainsi que le commandant Murphy sortirent leurs armes et ripostèrent. J’avais laissé mon arme de poing dans la Boudeuse… J’ai alors couru dans la direction opposée de la fusillade à la recherche d’une patrouille de sécurité. Par chance, une était qu’à quelques rues de la fusillade : « Le commandant Murphy est pris au milieu d’une fusillade ». Les gardes se mirent au pas de courses et atteignirent rapidement les quais.

Voyant l’escouade approchée, les mercenaires se sont repliés. Quelle journée de merde…